Quand on est freelance, se loger peut être un vrai parcours du combattant. Il existe pourtant des solutions pour se faire un dossier de location en béton… et même pour devenir propriétaire.
De la difficulté d’être locataire
Être freelance et propriétaire de son appartement, c’est possible ? Quand on recherche ensemble ces deux termes, les résultats s’emploient presque tous à expliquer comment le freelance peut s’y prendre pour convaincre un propriétaire de lui louer son logement… En effet, il est déjà assez compliqué, en tant qu’indépendant, de monter un dossier suffisamment robuste pour gagner le droit de payer un loyer chaque mois.
Selon l’Association pour l’accès aux garanties locatives (APAGL), entre 55 et 60% de la population française ne remplirait plus les critères pour accéder à un logement locatif (dont la sacro-sainte règle de gagner au moins trois fois le montant du loyer). C’est encore pire pour les indépendants qui, sans fiche de paie ni stabilité du CDI, doivent montrer patte blanche encore plus que les autres.
Heureusement, il existe des solutions pour les freelances aspirants locataires. Internet regorge de conseils pour établir la preuve de son sérieux et sa solvabilité, mais c’est en “attaquant” au niveau de la garantie loyers impayés qu’on a le plus de chances de réussir à convaincre un propriétaire. En effet, de nombreux propriétaires souscrivent une assurance pour garantir qu’ils percevront les loyers, même si le locataire est en défaut de paiement.
Mais si le locataire lui-même venait avec cette garantie ? C’est ce que propose notamment Wemind, la complémentaire santé et de prévoyance dédiée aux freelances. Comme nous l’explique la CEO de Wemind, Hind Elidrissi, le service baptisé Location Zen évalue la solvabilité du freelance et garantit gratuitement au propriétaire qu’il percevra ses loyers. Selon elle, toutes les personnes ayant bénéficié de la garantie Location Zen ont trouvé un logement. Cela leur en coûte 3,5% du montant du loyer, et n’est accessible que si elles ont par ailleurs souscrit à la couverture santé Wemind Care.
Mais la question reste entière : si c’est aussi difficile de louer, ne parlons même pas de devenir propriétaire ?
Près de la moitié des lecteurs d’Amédée sont propriétaires
Pourtant, certains y arrivent. C’est l’enseignement étonnant de notre quiz “Quel freelance êtes-vous ?” : sur 327 répondants (un échantillon certes petit mais tout de même significatif), 48,3 % disent être propriétaires et 41,6 % locataires. La proportion de freelances vivant en colocation ou chez leurs parents est donc relativement faible. Et on doit dire qu’on ne s’y attendait pas vraiment.
Bien sûr, les 327 répondants ne sont à coup sûr pas représentatifs des travailleurs indépendants dans leur ensemble : gageons que les lecteurs d’Amédée sont plutôt des freelances qualifiés que des travailleurs de plateformes, qu’ils ont peut-être été en CDI (le moment ultime pour demander un prêt immobilier), ou qu’ils disposent d’un capital social et économique (aide de leurs parents, par exemple) leur ayant permis d’acheter leur logement.
En effet, le résultat de notre quiz est à mettre en regard des chiffres de l’IFOP, selon qui en 2014 seuls 1% des primo-accédants appartenaient à la catégorie socioprofessionnelle des ACCE (Agriculteurs, Commerçants, Chefs d’Entreprise), c’est-à-dire des travailleurs non-salariés. Une étude de Créditéo parue en 2017, elle, dresse le portrait-robot de l’emprunteur pour un crédit immobilier : sans surprise, il ou elle est salarié en CDI et exerce une profession dite “non risquée”.
Sacro-sainte stabilité
Mais nos chiffres disent quand même qu’il n’est pas impossible pour un freelance de devenir propriétaire. Pour Hind Elidrissi, ce serait même presque plus facile que de devenir locataire : “À partir du moment où on a un apport et un dossier qui se tient, il y a moins de discrimination que sur le marché de la location.” Le magazine collaboratif Musée des lettres résume les conseils le plus souvent donnés à ceux qui en auraient le projet.
D’abord, éviter le statut de micro-entrepreneur qui rend plus difficile d’emprunter, surtout seul. Le mieux, même si ça implique des charges par ailleurs, c’est de passer en société aussi tôt que possible, ce qui peut accessoirement permettre de se salarier en CDI (si on choisit la SASU plutôt que la société individuelle par exemple).
Ensuite, pour faire la preuve de sa stabilité, il faut cumuler au moins trois années d’exercice — pendant lesquelles le chiffre d’affaires aura été au moins stable, au mieux en hausse — et donc présenter trois bilans comptables. Puis il y a les conseils qui s’appliquent à tous : ne pas être à découvert pendant les mois qui précèdent la demande, ne pas avoir de crédit à la consommation en cours et avoir un apport de 10% minimum.
Nombreux aussi sont ceux, comme Hind Elidrissi qui recommandent d’avoir recours à un courtier… ou d’aller voir le banquier de famille, qui peut se montrer plus compréhensif. Comme le relève Pretto, courtier en crédit immobilier, pour les banques, ce prêt est un bon moyen d’obtenir de nouveaux clients : si vous êtes disposé à domicilier vos comptes professionnels chez elles, “vous avez une vraie valeur pour les banques” et cela peut vous permettre d’obtenir un bon taux pour un prêt immobilier.
Bref, il n’est pas tout à fait impossible de devenir propriétaire quand on est freelance. Au passage, faire la preuve de votre stabilité est aussi ce qu’on vous demandera pour un “simple” dossier de location. Ces quelques conseils devraient donc vous être utiles même si vous n’envisagez pas ou ne pouvez pas investir dans la pierre, comme on dit. Du moins on l’espère.